vendredi 27 mars 2009

Le FN nous fera toujours rire

La nouvelle campagne du Front National est géniale. Elle se revendique de Jaurès. Vinguieu ! Lorque j'ai appris ça je sortais juste de ma voiture où grâce à France Info j'avais pu entendre Nicolas Sarkozy mobiliser ses troupes (400 mille euros aux frais du contribuable) en disant non à la pensée unique (formule qui si je ne me trompe avait été trouvée au début des années 90 par Ignacio Ramonet pour fustiger, justement, la pensée - si l'on peut parler de pensée- proto-sarkozienne). Après le Berlusconi franchouillard se réclamant de Ramonet, le Mussolini de la Trinité se réclamant de Jaurès... Ahhh. Quelle époque formidable nous vivons ! Je m'en sens tout regaillardi, d'autant plus que Raoul Villain, grand héros national comme le stipulent les minutes de son procès, où il fut acquité pour services rendus à la patrie, était, comme moi, rémois. "Ah la belle, ah la belle, ah la belle société"... Une petite coupe pour fêter ça ?

mardi 24 mars 2009

Misère et fumier

Je tombe, en lisant Quelqu'un, de Robert Pinget (Minuit, 1965), sur cet emploi que j'ignorais du mot «misère»: «J'ai dû expliquer que j'avais renversé la misère et que je l'avais rempotée, on ne voit rien, regarde, à peine une petite branche de cassée, c'est comme avant.» (p. 156). Cet emploi est absent d'à peu près tous les dictionnaires (Robert, Littré, Académie); seul le Trésor de la Langue Française, dont j'ai déjà parlé ici, le mentionne: Plante herbacée vivace, à rameaux rampants et feuilles ovales de différentes couleurs. Les suspensions, vues de bas en haut, contiendront surtout des plantes retombantes (...) lierres, lobélias, bégonias et misères (Savoir tout faire au jardin, Paris, Sélection du Reader's Digest, 1980, p.25).
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Toujours chez Pinget, je trouve l'expression «faire fumier», dans le sens d'abonder: «Et en août c'est les melons qui font fumier alors il se cogne des melons.» (p. 151). Aucun des dictionnaires consultés ne mentionne cette expression, qui si j'en crois mes recherches sur Google semble pourtant assez employée. Il est intéressant de constater que tous les dictionnaires présentent le mot «fumier» sous un jour négatif. Préjugé tout citadin, qui fait fi de ce qu'il y peut y avoir de positif dans ce terme, lié à la fertilité. Ainsi, lorsque Victor Hugo, dans la préface à Cromwell, l'utilise comme synonyme de «terreau», le vieil Hugo, qui connaissait son français, ne semble pas lui attribuer une connotation particulièrement négative:

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Deux autres curiosités, toujours chez Pinget: les emplois indirects de «aider» et «souhaiter». «Reber l'a accompagnée à la cuisine pour lui aider à éplucher les aubergines.» (p. 95). «L'autre lui demande ce qu'elle souhaitait de savoir.» (p. 124).

Voici ce qu'en dit le TLF:

Le verbe aider hésite entre le régime dir. et le régime indir. Certains grammairiens, dont l'Ac., estiment qu'à cette différence de constr. correspond une différence de signif. (aider qqn jouirait d'une plus large ext. et pourrait notamment servir à désigner une aide morale; aider à qqn ne pourrait exprimer qu'une aide matérielle ou phys. de caractère momentané). L'usage ne confirme guère cette distinction. En revanche, il y a lieu de souligner que la constr. aider à qqn, habituelle en a. fr. et fréq. dans la lang. class., est auj. très vieillie.

Souhaiter construit l'infinitif complément avec de ou sans préposition, indifféremment (...). Toutefois quand souhaiter a un objet indirect indiquant la personne à qui s'adresse le souhait, l'infinitif complément se construit toujours avec de`` (GREV. 1969, § 758, p. 700).

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Aucune trace, en revanche, ni sur Internet ni dans aucun dictionnaire, d'un «mastoc» qui semble être une sorte de fauteuil: «Erard, quand il est là, somnole dans le mastoc [...].» (p. 162).

vendredi 13 mars 2009

Da ba dou di da ba dou di, da ba dou di a da doudou

On a beau feindre l'indifférence vis à vis des honneurs, cela fait tout de même plaisir de voir consacrés ceux de sa tribu. Ainsi Le Clézio recevant le prix Nobel, ainsi Jean-Loup Dabadie reçu à l'Académie Française. Scénariste culte des années 70 (Les choses de la vie, La gifle, Le sauvage, Une histoire simple, pour ne citer que les films que j'ai particulièrement savourés), il est surtout l'auteur d'une multitude de chansons parmi les plus magiques qui soient : Marienbad (Barbara), Ma préférence (Julien Clerc), L'addition (Yves Montand), Dans la maison vide (Michel Polnareff) et surtout de quelques uns des plus grands chefs d'oeuvre interprétés par Serge Reggiani: Le petit garçon, L'italien, Hôtel des voyageurs etc.

lundi 9 mars 2009

Le Port Salut

C'est plus fort que moi, je ne peux pas passer dans le quartier sans faire un détour. Chaque fois je sais que je vais être déçu, en regardant à travers les barreaux, par les verres rutilants, les nappes soignées de ce petit restaurant coquet, que j'ai connu enfumé avec, derrière le bar - là où se trouvent aujourd'hui les verres rutilants, sagement alignés - une immense photo jaunie de Boby Lapointe. C'est dans ce petit café-théâtre qu'ont débuté presque tous les grands noms de la chanson. Dans les années 80 j'y ai encore vu Fanon. La salle était vraiment minuscule, les premières tables étaient au ras de l'estrade. J'ai rencontré Jacques Debronckart, peu de temps avant sa mort. Il m'avait reçu en peignoir, il était maigre et très pâle. Sur le pas de sa porte, il m'avait dit «revenez... mais revenez vite». Parmi les nombreuses choses qu'il m'avait dites cet après-midi là, il y en a une qui aujourd'hui encore me semble tout à fait pertinente, pour expliquer la vogue des auteurs-compositeurs-interprètes dans les années 50-60. Il y voyait une forme de voyeurisme sadique: le désir de voir transpirer non plus un comédien interprétant des textes écrits par d'autres, mais celui-là même qui s'était déchiré les tripes en écrivant (homme délicieusement courtois, Debronckart disait les choses de façon moins brutale, mais il y avait de ça). Et je pense que ce n'est pas faux. Et il y avait un peu de ça dans ces lieux où se donnaient en spectacle, pour reprendre la formule consacrée, ces auteurs faméliques, souvent maudits.

Nouvelle trouvaille

Ou comment dévoyer des ustensiles traditionnels pour faire des hot dogs de légumes avec un entonnoir, des tapas avec un vide-pomme, mouler des ogives de semoule (ou de ce qu'on veut) dans la partie creuse d'un presse-agrumes, de la polenta dans des moules à madeleines, faire des tagliatelles de galettes bretonnes avec un laminoir à pâtes etc. etc. Trop bien