lundi 5 octobre 2009

Espillage

Bref voyage en Sarthe, le week end dernier, pour aller voir Claude Esnault en sa tanière. Après Instructions pour vivre sans peau et Treize, Bref inventaire de toutes les choses est le troisième texte de Rafael Menjívar Ochoa que monte Claude Esnault.
Une nouvelle fois, le spectacle, si l'on peut parler de spectacle, est extraordinaire. Tandis qu'une voix enregistrée dit des fragments du texte, le metteur en scène et seul intervenant (à la différence des deux autres montages) assemble devant nous les pièces des différents puzzles que constitue le texte de Menjívar publié aux éditions Cénomane.
Extraits:

dimanche 4 octobre 2009

Gracias a la Diva

Flexible, souvent assise mais jamais immobile, elle avait le don de remplir les plus grandes scènes de sa présence et de sa danse mouvantes. Sa voix, tour à tour forte et douce, collait le frisson. Considérée comme une des plus grandes revisiteuses du folklore de son continent, elle a toujours mis son génie au service des jeunes auteurs compositeurs dont elle a fait connaître les chansons avant qu'ils ne deviennent célèbres. Généreuse autant que l'était sa voix, elle était surtout la voix de l'autre. La voix de l'indien, la voix du sans-terre, la voix du sans-voix. Merci.

Couple: une couple, un couple

«Tu vas garder la boutique pendant que je vais m'étendre sur le lit une couple d'heures.»
(Mac Orlan, Quartier réservé, pp. 100-101)
Voici ce que nous dit Littré:
1° UN COUPLE, UNE COUPLE. Un couple, au masculin, se dit de deux personnes unies ensemble par amour ou par mariage ; il se dit de même de deux animaux unis pour la propagation. Une couple, au féminin, se dit de deux choses quelconques de même espèce, qui ne vont point ensemble nécessairement et qui ne sont unies qu'accidentellement. Il résulte que la construction peut varier, c'est-à-dire qu'on dira toujours, au singulier : un couple de pigeons suffit pour repeupler un pigeonnier ; mais on dira au singulier, ou au pluriel, suivant l'idée de celui qui parle : une couple de poulets suffira bien ou suffiront bien pour notre dîner.
2° UNE COUPLE, UNE PAIRE. Une couple désignant deux choses qui ne sont unies qu'accidentellement, paire désigne deux choses qui vont ensemble par une nécessité d'usage, comme les bas, les souliers, ou une seule chose composée de deux parties ou pièces, comme des ciseaux, des lunettes, des pincettes. Une couple et une paire peuvent se dire aussi des animaux, mais la couple ne marque que le nombre et la paire y ajoute l'idée d'une association nécessaire pour une fin particulière. Un boucher achètera une couple de boeufs, c'est-à-dire deux. Un laboureur doit dire qu'il en achètera une paire, parce qu'il veut les atteler à la même charrue, BEAUZÉE.
Dictionnaire des Synonymes de la langue française, de F. Guizot:
Un couple au masculin, se dit de deux personnes unies ensemble par amour ou par mariage, ou seulement envisagées comme pouvant former cette union ; il se dit de même de deux animaux unis pour la propagation. Une couple, au féminin, se dit de deux choses quelconques de même espèce, qui ne vont point ensemble nécessairement, et qui ne sont unis qu'accidentellement ; on le dit même des personnes et des animaux, dès qu'on ne les envisage que par le nombre. Une paire se dit de deux choses qui vont ensemble par une nécessité d'usage, comme les bas, les souliers, les jarretières, les gants, les manchettes, les bottes, les boucles d'oreilles, les pistolets, etc. ou d'une seule chose nécessairement composée de deux parties qui font le même service, comme des ciseaux, des lunettes, des pincettes, des culottes, etc. Couple, dans les deux genres, est collectif ; mais au masculin, il est général, parce que les deux suffisent pour la destination marquée par le mot ; au féminin il est partitif, parce qu'il désigne un nombre tiré d'un plus grand. La syntaxe varie en conséquence, et l'on doit dire : " Un couple de pigeons est suffisant pour peupler une volière ; une couple de pigeons ne sont pas suffisants pour le dîner de six personnes. " Une couple et une paire peuvent se dire aussi des animaux ; mais la couple ne marque que le nombre ; et la paire y ajoute l'idée d'une association nécessaire pour une fin particulière. De là vient qu'un boucher peut dire qu'il achètera une couple de boeufs, parce qu'il en veut deux ; mais un laboureur doit dire qu'il en achètera une paire, parce qu'il veut les atteler à la même charrue (B.)

samedi 3 octobre 2009

Quartier réservé

«On entendait toutes les chansons du monde qui se mêlaient, tâchaient à s'éclipser mutuellement, à triompher dans une voix unique et chaude.» (Pierre Mac Orlan, Quartier réservé, Folio, pp. 40-41)
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Ayant toujours utilisé le verbe tâcher avec la préposition de, cette phrase, lue cette nuit chez Mac Orlan m'a interpellé. D'autant plus qu'en toute logique, puisque l'on oeuvre ou travaille à quelque chose, il n'y a en effet rien d'illogique à ce qu'on y tâche également.
Vérification faite, c'est bien avec la préposition à que tâcher s'emploie en premier lieu (chez Gide, Proust, Racine, Corneille, La Fontaine), même si son emploi avec de est également documenté dès le XVIème siècle.