mercredi 25 février 2009

Dictionnaire et fétichisme

Je l'avoue, je suis fétichiste. Je fantasme sur les objets. Matériel de cuisine, outils en provenance du monde ouvrier, papeterie et bien sûr, comme le chantait Mouloudji, «les dessous troublants / pour la mise en valeur de ton beau corps tout blanc». Mais s'il y a un objet sur lequel je fantasme par-dessus tout, c'est sur les dictionnaires. Je ne pourrais dire combien j'en ai (3 mètres de rayonnage et 1,37 Mb sur disque dur), de même que je ne saurais dire qui a dit qu'un dictionnaire était un roman dont les personnages étaient classés par ordre alphabétique. Ma passion pour les dictionnaires fait que dans la jungle inextricable de mon disque dur, j'ai même un scan de la carte d'étudiante de María Moliner. "Ca c'est pervers", m'a dit un jour Rafael Menjívar Ochoa. Cette passion remonte à loin. J'avais, quand j'étais étudiant, sur un coup de tête, acheté le Littré d'occasion chez Gibert. Ma copine Christine Leroy, avec qui je faisais ce jour-là des emplettes, avait bien voulu le garder chez elle, car l'objet était tout de même quelque peu encombrant. J'adore Appendix probi, ce dictionnaire bilingue latin classique/ latin vulgaire. Covarrubias, Trévoux, Furetière; Nicot (hé hop une clop au passage) et les dictionnaires régionalistes me rendent fous de bonheur.
Je reçois, régulièrement, des offres promotionnelles me proposant le Robert (le grand) en cd à des prix préférentiels. C'est pour moi, chaque fois, un crêve-coeur que de refuser. Chaque fois mon coeur se met à battre, puis à débattre (il est vrai que je l'ai en papier, six volumes en nuisette rouge). Et chaque fois la raison l'emporte. Mais pourquoi ? Tout simplement parce que l'on peut consulter, sur Internet, le meilleur dictionnaire qui soit, le Trésor de la langue française. Oeuvre magistrale, magnifique, sublime. Qui ne peut exister qu'en vertu d'une conception à l'ancienne de la recherche (une révérence au passage au trio Pécresse-Fillon-Sarko).

Jury "populaire"

J'apprends, en lisant la presse espagnole, qu'un homme vient d'y être relaxé au nom de la légitime défense. Il s'était acharné (57 coups de couteau) sur ses deux victimes, avait vidé leur appartement de tout ce qu'il contenait d'intéressant, avant d'y mettre le feu. Mais les jurés ont estimé qu'il avait agi dans le cadre de la légitime défense. Les victimes, il est vrai, étaient des homosexuels. Ah, ok, comme ça d'accord. On fait quoi, on déprime sur le genrumain, on se pose des questions sur la "démocratie d'opinion", ou on se console en se payant un p'tit coup d' Léo ? Allez, on y va:

Ca me rappelle une blague que j'aimais beaucoup, quand j'étais gamin. Ca se passe dans l'Alabama. Un type fauche un groupe d'enfants noirs sur un passage pour piétons. Le policier dresse le procès verbal: "A quelle vitesse allaient les enfants quand ils ont percuté votre automobile?".