jeudi 5 février 2009

Bénabar et Leprest

12 très belles ballades, que j'aurais envie d'écrire avec un seul "l" tant j'aime m'y promener, pour la dernière livraison de Bénabar. Le disque débute fort avec une chanson entraînante sur un thème fort: "l'effet papillon" et "Allez". J'aime aussi beaucoup "Pas du tout", "A la campagne" et la chanson qui clôt l'album: "Infréquentable". Et puis également les trois dernières pages du livret, celles du "casting": batterie, guitares, cuivres, piano, contrebasse, trompette etc. Rendez-vous compte: un disque réalisé avec des VRAIS instruments. Très belles orchestrations, de la VRAIE musique, de la musique VRAIE. Et puis Allain Leprest est revenu avec un nouveau disque, Quand auront fondu les banquises. Pas de véritable chanson phare parmi la nouvelle fournée, mais un continuum de bonheur, comme toujours. J'ai découvert Leprest en 1982: Juliette Gréco avait enregistré cette année-là une chanson de lui (musique de Ferrat), "le pull over". J'étais tombé sous le charme d'un style, la signature Leprest, qui par certains aspects n'était pas sans rappeler Fanon, qu'il ne se prive d'ailleurs pas de chanter à l'occasion. Peu médiatisé (sauf par Telerama, qui l'a toujours défendu), Allain Leprest a mené une double carrière: celle d'auteur (pour Francesca Solleville en particulier) et d'auteur-interprète. Trop de chansons à citer, trop de merveilles chez ce chanteur qui avait le don de laisser Nougaro sans voix. Dans ce dernier disque j'ai surtout aimé Nananère (merci pour le clin d'oeil à Brassens) et Qu'a dit le feu qu'elle a dit l'eau, mais qui était déjà dans son précédent disque. On leur dira, qui termine l'album, en plus d'être magnifique, bouleverse d'autant plus que c'est sans doute la chanson de l'album qui ressemble le plus à du Leprest. Rédiger ce petit commentaire m'a donnée envie d'aller revoir et réécouter quelques vieilleries. Nu, son extraordinaire SDF, et C'est peut-être, dont il existe aussi un enregistrement plus récent. Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Jacques Higelin, Loïc Lantoine, Sanseverino, Mon côté Punk, Michel Fugain, Nilda Fernández, Hervé Villard, Afnès Bihl, Jean Guidoni, Enzo Enzo, Jamait, Jehan et sa fille Fantine lui ont rendu hommage l'an dernier, avec un disque superbe: «Chez Leprest».

Eduardo Manet

Rencontre hier soir avec Eduardo Manet, à l'occasion de la sortie de son dernier roman, La maîtresse du commandant Castro, publié chez Laffont. Agréable causerie au cours de laquelle Manet évoque sa naissance rocambolesque, son départ pour la France en 1951, son retour à Cuba une dizaine d'années plus tard, puis son retour en France. Il s'interroge sur les mécanismes de la fascination qu'exerce Castro. L'homme est détendu, amène, c'est -comme beaucoup d'écrivains latinoaméricains - un conteur. D'anecdote en anecdote, on voit passer à travers ses souvenirs des personnages importants -la mère d'Alejo Carpentier, qui fut sa prof de russe, et la première épouse du même Carpentier, qui fut sa prof de français, histoire de continuer dans le registre du rocambolesque. Castrosceptique sans être anti-castriste, Manet est mesuré dans ses propos, insiste sur les acquis de la Révolution, souligne ses divergences avec l'exil cubain. Il évoque Raúl Castro, qu'il a croisé sur les bancs de la fac, Elisabeth Burgos, Ernesto "Che" Guevara et quelques autres personnalités qu'il a rencontrées. Soirée sympa.